Histoire

Au milieu du 19ème siècle, l’île de la Réunion compte de plus en plus de marines, en pierre ou en bois pour la plupart. Ces débarcadères souvent détruits à chaque cyclone servent pourtant l’économie florissante de l’île. Les cours de la canne à sucre s’envolent et de plus en plus de bateaux passent par la Réunion. Depuis longtemps, l’île a besoin d’un véritable port en eau profonde et les ingénieurs citent souvent l’embouchure de la Rivière d’Abord comme site le plus propice. En effet, deux bassins naturels existent déjà et accueillent des navires de petits tonnages.

Convaincu par d’anciennes études de l’ingénieur Tromelin datant de 1773, le gouverneur créole Hubert Delisle fait vite son choix et le 12 mars 1854, accompagné du maire Charles Motais, il scelle la première pierre de la jetée ouest du port de Saint-Pierre. Les ingénieurs Bonin, Maillard et Prozinski seront chargés de mener à bien l’ouvrage. Les travaux commencent dans l’enthousiasme général mais les Saint-Pierrois ne se doutent pas alors que ce projet ruinera la commune. D’abord aidé considérablement par l’Etat et la colonie, la commune de Saint-Pierre se retrouvera seule en 1866 pour faire face aux dépenses. Mais les Saint-Pierrois sont tenaces et s’endettent une dernière fois avec près de 1,5 millions de francs d’emprunt pour enfin inaugurer leur port le 23 octobre 1883.

La jalousie et les craintes des notables du nord de l’île, l’ouverture du canal de Suez en 1869, la concurrence bientôt irrésistible du chemin de fer lancé depuis 1882, du nouveau port de la Pointe des Galets inauguré en 1886, l’avènement de la marine à vapeur avec ses gros « steamers » à forts tirants d’eau empêcheront finalement le port de Saint-Pierre de devenir le principal port de commerce de l’île.

 

Pascal Laude, animateur de l’architecture et du patrimoine

Pôle valorisation du patrimoine du service culturel de saint-Pierre